Dos de cabillaud laqué, beurre de riesling. Brasserie Les Haras à Strasbourg

Son projet aurait pu s'intituler " Les Escapades de Slaine " mais elle a préféré" Le Tour de France des Chefs " tant son concept s'apparente à un défi sportif. Plus de 5000 km à vélo à parcourir, environ 60 Chefs à rencontrer, et des centaines de clichés de passionnés de la cuisine. Nous l'avons contacté par téléphone entre deux étapes afin d'en savoir plus sur ce projet audacieux.

- Bonjour Slaine, pas trop fatiguée après plus de trois mois à vélo?

Bonjour Nicolas. Non ça va on s'y fait à la longue. Le plus dur c'est de prendre le rythme les premiers jours. Après un départ de Loches (Indre-et-Loire) le1er Juin dernier, j'en suis déjà à plus de quatorze étapes. Ce qui me redonne vraiment du courage tout au long de cette aventure, c'est l'accueil des habitants que je croise tous les jours et dont certains m'offrent une place dans leur jardin pour planter ma tente. Et puis il y a aussi des amis qui chez je m'arrête deux ou trois jours pour souffler un peu entre deux étapes. 

- D'où vous est venue l'idée de ce projet mêlant défi sportif et découverte culinaire?

Ce projet était pour moi comme une concrétisation de toutes mes passions. C'est à dire la cuisine, le voyage et la photographie. Le vélo ce n'était vraiment pas mon point fort mais c'est le meilleur moyen de prendre son temps pour un périple. Et puis la France s'est imposée à moi, il y'a tellement de merveilles à voir à côté de chez nous. Il faut juste prendre le temps d'ouvrir l'œil.

- Trouvez-vous des similitudes entre le travail de cuisinier et celui de photographe? 

Oui car ce sont deux formes de création qui nécessitent la même démarche de travail. On réfléchit à une photo comme à une assiette et cela requiert énormément de minutie. Le Chef va schématiser son assiette pendant longtemps dans sa tête, le photographe en fera autant pour une photo. Les formes et les couleurs d'un plat peuvent se confondent avec celles d'un paysage. C'est parfois bluffant ce que les aliments peuvent nous révéler à travers la photographie. 

- Comment choisissez-vous les Chefs que vous souhaitez rencontrer?

Je n'ai pas vraiment de critère dans le choix de mes étapes. Le plus souvent c'est en fouillant dans des guides ou grâce aux offices de tourisme qui mettent en avant des établissements de la région. Et puis c'est véritablement une démarche participative. Mes amis hôteliers me donnent des adresses à ne pas louper sur ma route. Les habitants que je croise à chaque étape sont aussi d'excellent guides. Grâce à eux je découvre des endroits que je n'aurais pas du tout imaginé. Et j'adore surtout rencontrer des Chefs qui ont quelque chose en plus, c'est à dire des artisans du goût qui pour certains fabriquent leur propre pain, leur beurre et qui passent un maximum de temps à élaborer leurs recettes en équipe. 

- Sans vexer aucun Chef, quel est le plat qui vous ait le plus marqué? 

C'est certainement le plat intitulé " Les Bulots de Grainville " au restaurant " À Contre Sens". Le Chef Anthony Caillot m'a fait changé d'avis sur les bulots, moi qui ne mange jamais de fruits de mer. Ce n'est pas un plat que j'aurais choisi moi-même à la carte. Mais le fait qu'il ait transformé le produit en l'éminçant finement et y ait ajouté un mélange d'herbes, a donné beaucoup de douceur au côté iodé du bulot. 

- Vous qui avez travaillé par le passé en cuisine dans de grandes maisons (Frères Pourcel, Georges V ...), quel plat auriez-vous choisi de présenter si l'on avait inversé les rôles?

Cela va vous surprendre mais ce serait sans hésiter le jambon-beurre ! Lorsqu'une parisienne comme moi se retrouve à l'autre bout du monde, il n'y a pas de plaisir plus comparable qu'un vrai jambon-beurre. La recette paraît simple mais il faut que chaque saveur arrive au bon moment en bouche. Le pain doit être aéré, la croûte croustillante et le beurre bien travaillé pour un résultat parfait. Je pense que c'est le plat qui me représente le mieux. 

- Quel Chef rêvez-vous de croiser sur votre périple ? 

Il y en énormément mais si je devais en donner cinq ce serait Eric Fréchon, Alain Passard, Jean-François Piège, Philippe Etchebest et Andrée Rosin. Cette dernière est aussi un modèle pour moi car c'est la seule femme qui ait réussie à devenir Meilleur Ouvrier de France en cuisine. Et puis je suis extrêmement heureuse de faire un shooting avec mon ami / mentor Thierry Vaissière au restaurant Maison de l'Amérique Latine à Paris. Il m'a transmis les valeurs essentielles en cuisine : patience et respect du produit. Les mêmes valeurs que j'applique désormais dans mon métier de photographe. 

- Quelle est votre prochaine étape ?

Il s'agit du restaurant de Valérie Costa, " La Promesse " qui se trouve à Toulon. 

Nous souhaitons bonne chance à Slaine pour ce Tour de France des saveurs ! 

Suivez son parcours étape par étape sur sa page facebook :

https://www.facebook.com/tourdefrancedeschefs

Hélène Demailly, restaurant Le Carré à Metz

Olivier da Silva, restaurant L' Odas à Rouen

Restaurant Le Carré à Metz

Slaine Grew durant son parcours à vélo